HISTOIRE DE CHAMPDOR ET DE SA RÉGION

     Tout au long de l'ère secondaire, il y a plus de soixante-cinq millions d'années, les sédiments marins formèrent, en se déposant lentement au fond de la Téthys qui recouvrait alors de vastes parties du territoire, le plateau calcaire sur lequel repose aujourd'hui la région de Champdor.

   

 

    Les hommes de la préhistoire ont vécu sur ce plateau dès l'époque magdalénienne, il y a 10 000 ans. Ils se nourrissaient alors du produit de la chasse, notamment celle de la marmotte. Leur présence au néolitique est attestée par le couteau en silex, reproduit ci-contre, découvert dans la forêt de Mazières.

 

 

        Les âges du bronze et du fer ont laissé des traces sous forme de gravures rupestres sur un bloc calcaire situé au hameau de Nantuy dans la commune de Hauteville. Un matériel archéologique abondant, datant de ces âges, a été retrouvé à la Balme de Gondran.

   

       La présence Celte est attestée par plusieurs noms de lieux, comme celui de Brénod. Selon certains historiens, le nom de Champdor, lui aussi, serait d'origine celtique.

   

     Difficile d'accès, le Bugey est laissé relativement à l'écart des grandes invasions qui scandent l'histoire du premier millénaire.

    

      En 1077, il passe sous la souveraineté de la Maison de Savoie, peu de temps après la fondation du puissant duché voisin. Le Bugey restera savoyard pendant six siècles. Les comtes de Savoie attribueront de vastes territoires aux abbayes. La chartreuse de Meyriat ou l'abbaye cistercienne de Saint-Sulpice exerceront une influence considérable sur la vie locale du moyen-âge. La région se couvre alors de châteaux. Ceux d'Aranc, Lacoux, Longecombe ou Lompnes sont les plus puissants. Celui de Champdor est plus récent, comme le montre son histoire.

 

      La région devint française le 16 janvier 1601, par le traité de Lyon. En effet, Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie, avait refusé de céder la Bresse au Roi de France, comme le lui enjoignait la paix de Vervins. Défait par les armes, il dut céder à Henri IV, outre la Bresse, le Bugey, le Valromey et le Pays de Gex.

 

      Avec la Révolution, la paroisse devint l'actuelle commune.

 

      Les atouts climatiques de la région entrainèrent sa profonde transformation au tournant du XXe siècle. De pastorale et rurale, elle devint l'un des lieux de cure les plus recherchés d'Europe. En août 1900, s'ouvrit le sanatorium d'Hauteville, devenu aujourd'hui Centre médical Félix Mangini, suivi de nombreux autres. Le succès fut rapide. Entre les deux guerres, on venait en masse dans les sanatoriums du Plateau, non seulement de France et d'Europe, mais aussi du monde entier. La capacité d'accueil fut portée à 2 500 lits. Le déclin de la tuberculose a entrainé une diminution de plusieurs centaines de lits et surtout une grande diversification du système sanitaire.

 

     Le sous-sol, constitué d'un calcaire aux qualités physico-chimiques exceptionnelles, a permis la constitution d'une puissante industrie de la pierre. Exportée dans le monde entier dès la fin du XIXe siècle, la pierre de Champdor-Hauteville a servi à la construction des plus prestigieux bâtiments du monde, de l'Empire State Building à New-York jusqu'au palais impérial Meiji à Tokyo.

 

       Comme les Glières ou le Vercors voisins, le relief du Plateau offrit à la Résistance l'un de ses bastions arrière. Le général Delestraint, chef de l'armée secrète, enrôla de nombreux résistants dans toute la région. Les premiers maquis, formés pour accueillir les jeunes patriotes qui refusèrent le STO, furent entrainés dans la ferme de Gorges. Une action d'éclat de la Résistance fut son défilé, historique, du 11 novembre 1943 à Oyonnax. Ce défi à l'occupant eut un retentissement mondial. La Résistance du Plateau fut mise à contribution pour le débarquement du 6 juin 1944, en fournissant trois compagnies au groupement sud des FFI de l'Ain.

 

      A la fin du XXe siècle, le déclin de l'agriculture, l'éradication de la tuberculose, le recours à l'acier et au verre, ont entrainé la région vers la recherche de nouvelles sources d'activités. Elle les a trouvées aujourd'hui dans la diversification de son appareil sanitaire, les métiers du bois et surtout le sport et les loisirs.

 

 

A voir sur le site : "Histoire de Champdor selon Louis GUY

A lire également : Histoire d'une commune du Bugey : Champdor. FAURE DAVID-NILLET Thierry. juillet 1999, éditions A. Bonavitacola.